Et si on questionnait ensemble les combats, enjeux et travers de nos sociétés contemporaines sous la forme d’un vrai-faux procès mêlant experts, témoins et pièces à conviction issues des collections du Mucem ?
Cette cinquième saison des Procès du siècle invite à agir face aux urgences d’un monde malade et tenté par le retour en arrière : comment ne pas sombrer dans le catastrophisme ? Alerter sans tétaniser ? Dessiner ensemble un futur désirable et durable ? S’indigner, dénoncer, informer, se rassembler, légiférer, planifier, faire la fête, penser, imaginer, éduquer, aimer… c’est par où le futur ?
Modération : Rokhaya Diallo, Nora Hamadi, Thomas Legrand, Paloma Moritz, François Saltiel, Victoire Tuaillon.
Une série de rencontres imaginée et produite par le Mucem.
Les débats :
-> Lundi 17 novembre : Est-ce que ce monde rend fou ?
Modération : Paloma Moritz
Avec Mathieu Bellahsen (psychiatre et auteur, lanceur d’alerte) et Nelly Pons (autrice)
Méga feux, inondations, cyclones, sècheresses. Populismes, guerres, attentats. Burn-out, dépression, addiction, éco anxiété. Les actualités de notre monde résonnent douloureusement.
Qu’en est-il des liens entre un monde épuisé, sous tensions, et notre santé mentale ? Comment s’entretiennent-ils ? Comment résister et aller bien dans un monde qui vacille et s’épuise ?
-> Lundi 24 novembre : Tous les hommes sont-ils coupables ?
Modération : Rokhaya Diallo
Avec Giulia Foïs (journaliste) et Corentin Legras (doctorant en anthropologie)
« Pas tous les hommes » ? Et pourtant. Ils sont très nombreux et ressemblent très fort aux hommes que nous sommes ou qui nous entourent. Voilà ce qu’a mis en lumière le procès de Mazan, entre autres, et les nombreux débats qu’il a soulevés sur la responsabilité collective de la société. Alors, comment continuer de lutter contre cette dynamique de la violence qui semble faire système dans notre société patriarcale, et mis en lumière par ce procès qui a fait date? Entre misandrie, éducation des plus jeunes, retour de bâton masculiniste, le sujet n’en finit pas de questionner.
-> Lundi 1er décembre : Bienvenue en science-fiction
Modération : François Saltiel
Avec Catherine Dufour (romancière et nouvelliste, ingénieure en informatique, chroniqueuse) et Yannick Rumpala (maître de conférences en science politique à l’Université Nice Côte d’Azur)
Dystopie, planète dévastée, recherche de planète B, sociétés sous surveillance généralisée. Utopie verte, femmes au pouvoir, autogestion, sobriété.
Les récits de science-fiction nourrissent nos imaginaires et nous aident à nous projeter.
Prophétie, exutoire, ou cri d’alerte ? Catastrophisme ou optimisme ? De quelle(s) science(s)-fiction(s) avons-nous besoin aujourd’hui pour envisager demain ?
-> Lundi 8 décembre : Sauve qui peut l’Etat de droit
Modération : Thomas Legrand
Avec Claire Hédon (journaliste, défenseure des droits) et Raphaël Kempf (avocat)
Assiste-t-on à la fin d’un cycle des démocraties « libres » dans le monde ? Montée des nationalismes, gouvernements illibéraux, attaques contre les libertés élémentaires… face aux multiples assauts dont ces régimes font l’objet, l’Etat de droit et la Justice constituent-t-ils des remparts suffisamment efficaces et protecteurs ? Comment peuvent-ils résister quand les populistes les désignent comme des obstacles tout trouvés à la volonté des peuples ?
-> Lundi 15 décembre : Les Outre-mer : territoires relégués, territoires sacrifiés ?
Modération : Nora Hamadi
Avec Malcolm Ferdinand (ingénieur en environnement) et Benoît Trépied (anthropologue)
Scandales environnementaux, vie chère, luttes vers l’autonomie, les territoires d’Outre-mer sont confrontés à de multiples défis où le poids du passé et des logiques coloniales pèse encore lourdement. Entre clichés de carte-postale touristique et zones de non-droit sans contrôle, comment ces territoires peuvent-ils aujourd’hui trouver leur juste place, spécifique et singulière, loin de ces images stéréotypées et instrumentalisées ?
-> Lundi 5 janvier : Alerte sciences en danger
Modération : François Saltiel
Avec David Chavalarias (mathématicien et écrivain) et Valérie Masson-Delmotte (climatologue, directrice de recherches au CEA)
Retrait de financements, licenciements, censures de données : aux Etats-Unis, certains domaines de la recherche et de la science sont en péril au point de parler de « croisade anti-scientifique ». Complotisme et fake-news alimentent en parallèle la défiance vis-à-vis de vérités scientifiques pourtant démontrées.
Face au danger des nouveaux obscurantismes et des menaces qui pèsent sur l‘indépendance scientifique, comment réagir ?
-> Lundi 12 janvier : Et les enfants dans tout ça ?
Modération : Rokhaya Diallo
Avec : Cécile Cée (artiste, autrice) et Lyes Louffok (assistant socio-éducatif et référent protection de l’enfance à l’Assistance publique des hôpitaux de Paris, juriste, militant pour les droits des enfants)
Incestes, enfants maltraités, violés, violentés dans les sphères familiales et éducatives. Aide sociale à l’enfance à bout de souffle. Notre société protège-t-elle vraiment les enfants ? Leur permettait-elle de se construire en individus respectueux des autres et du monde qui les entoure ?
Les affaires et les scandales qui font aujourd’hui surface après des décennies de silence dévoilent des dysfonctionnements et posent la question d’une banalisation des violences psychologiques, physiques et sexuelles faites aux enfants. Comment en finir avec l’adultisme et la domination adulte maltraitante ?
-> Lundi 19 janvier : Travailler mieux pour gagner ensemble
Modération : Nora Hamadi
Avec Nicolas Framont (sociologue, fondateur et rédacteur en chef de Frustration Magazine) et Pauline Rochart (consultante indépendante, autrice)
Réforme des retraites, ubérisation, mal-être au travail, perte de sens, chômage des jeunes et des séniors : faut-il repenser le monde du travail et le temps qu’on lui consacre ? Entre mobilisations syndicales, réformes juridiques et utopies sociales, est-ce que le monde du travail est un espace à reconquérir ensemble ?
-> Lundi 26 janvier : Des nouvelles de nos intimités
Modération : Victoire Tuaillon
Avec Naya Ali (journaliste, autrice) et Marie Bergström (sociologue et chercheuse à l’Ined)
Comment les nouvelles tendances de nos vies affectives et sexuelles racontent la société de demain ? Plus que jamais politisée, l’intimité est travaillée par des normes nouvelles. Moins engagées, plus fluides, plus nombreuses ou plus tardives : où en sont nos intimités et avec quelles lunettes les regarder ?
Cette séance revient sur deux grandes études parues récemment : « Contexte des sexualités en France », réalisée par l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) et Santé publique France, et « La sexualité qui vient. Jeunesse et relations intimes après #Metoo. » réalisée par l’Institut d’études démographiques (Ined).
-> Lundi 2 février : Aie confiance… comment s’y retrouver dans le chaos informationnel ?
Modération : François Saltiel
Avec Olivier Legrain (homme d’affaires) et Bruno Patino (journaliste, Président d’ARTE)
Les informations pleuvent de toutes parts, tantôt en continu, tantôt approfondies, tantôt très « à chaud ». Achat, revente, actionnariat…les médias perdent de plus en plus leur indépendance par rapport à des enjeux de pouvoirs économiques et politiques.
Alors, à qui faire confiance en termes de travail d’enquête et de sources, et comment déceler les fake news ? Comment (re)créer des médias engagés et libres face à la montée des populismes ? Et l’IA dans tout ça ?
-> Lundi 9 février : On en a bien profité, et maintenant c’est quoi le plan ?
Modération : Thomas Legrand
Avec Céline Marty (philosophe)
Dans un monde qui devient chaque jour de plus en plus inhabitable, comment et jusqu’où changer de modèle ? Il y a pourtant urgence à se décider. Planification, bifurcation, transition, croissance verte, décroissance, sobriété : que signifient exactement ces termes et quels changements d’avenir proposent-ils ?
-> Lundi 16 février : Antiraciste, féministe et écrivaine, Maryse Condé en héritage
Modération : Rokhaya Diallo
Avec Alice Diop (réalisatrice) et Felisa Vergara Reynolds (professeure de littérature française, Université de l’Illinois)
A l’occasion de l’anniversaire de sa naissance et presque 2 ans après sa disparition, les Procès du siècle reviennent sur la figure de Maryse Condé avec laquelle le Mucem a eu l’honneur de construire l’évènement « Les amitiés de Maryse Condé » en novembre 2022.
Dans ses œuvres, celle qui a découvert le racisme en arrivant à Paris pour étudier, après avoir grandi à Pointe-à-Pitre, n’a cessé de raconter l’esclavage, le colonialisme, les migrations, l’exil, le racisme, et de clamer la liberté et la force des femmes pour lutter contre les dominations. A l’image de Tituba, héroïne de son célèbre roman Moi, Tituba, sorcière… noire de Salem, jeune femme noire née du viol de sa mère par un anglais, sur un bateau qui l’amenait à la Barbade.
Ecrivaine engagée et inspirante, comment son héritage continue-t-il à vivre à travers une nouvelle génération d’artistes et d’intellectuels ?
-> Lundi 23 février : Existe-t-il de bons lobbies ?
Modération : Nora Hamadi
Avec Alberto Alemanno (avocat, professeur de droit, fondateur de The Good Lobby) et Lucie Pinson (militante, fondatrice de l’ONG Reclaim Finance)
Il y aurait en France 2462 lobbyistes d’après le nombre inscrit au répertoire de la Haute Autorité pour la Transparence de la Vie Publique (HATVP) comme l’oblige la loi Sapin II depuis 2016. Mais qu’y a-t-il derrière ce chiffre ? Ces groupes d’intérêts sont-ils menaçants ou vertueux pour le débat démocratique ?
Le jeu des influences va bon train dans les couloirs politiques et chacun joue de ses relations et pouvoirs pour influer sur les décisions publiques. En France, les lobbies sont souvent accusés de servir des intérêts particuliers, faisant fi du bien commun et d’une vision à long terme. Mais ne sont-ils pas également capables de défendre des enjeux citoyens et des causes d’intérêt général ? Et de mobiliser des financements en ce sens ? Alors, faut-il s’en saisir ou les dénoncer ?
-> Lundi 2 mars : Allez directement à la case prison ! Punir ou réparer ?
Modération : Thomas Legrand
Et si la justice était davantage tournée vers la prévention et le soin ? Jusqu’où peut-elle réparer ? La justice restaurative, qui vise à faire dialoguer victimes et auteurs d’infractions dans un espace confidentiel et sécurisé, est l’une des méthodes aujourd’hui proposée pour mieux accompagner les premiers dans leur reconstruction et les seconds dans leur responsabilisation et leur réintégration…
Et pour aller plus loin, peut-on envisager une société sans punition ni répression et quelles en seraient les répercussions sur la manière de penser notre société, notre histoire, notre avenir ?
-> Lundi 9 mars : Les jeux vidéo, vers de nouveaux imaginaires
Modération : François Saltiel
Avec Fanny Lignon (maîtresse de conférences en sciences de l’information et de la communication) et Jennifer Lufau (joueuse de jeux vidéo, consultante marketing pour les créateurs indépendants, fondatrice de l’association Afrogameuses)
Après avoir été accusés de véhiculer addiction aux écran, propagande de valeurs guerrières, violence, frustration, déconnexion avec la réalité ou désengagement, les jeux vidéo sont aujourd’hui gangrénés par le masculinisme, le racisme, le sexisme, le cyberharcèlement et la radicalisation infiltrée…
Et pourtant, la culture gaming est aussi le lieu de tous les possibles et sa grande force est d’être très largement partagée de par le monde. Dès lors, comment en faire un outil d’inspiration et d’émergence de nouveaux modèles, de nouvelles esthétiques et de nouvelles manières d’envisager le vivre ensemble et le vivre avec ?
-> Lundi 16 mars : Pour un droit à la fête !
Modération : Nora Hamadi
Pour la dernière séance de cette saison, les Procès du siècle proposent d’envisager très sérieusement un droit à la fête. Et pourquoi pas même un devoir de fête ?
Antidote à la déprime généralisée bien sûr, mais aussi terrain de jeu et de liberté qui apprend à voir collectivement au-delà des normes sociales, identitaires ou sexuelles. Loin du radicalisme et de l’austérité, la fête ne serait-elle pas un outil politique d’avenir pour écrire ensemble notre futur ?